Franc-maçonnerie d'hier ...
L’aventure de L’Avenir du Chablais commence en 1899.
Les francs-maçons résidant dans le Chablais, à cette
époque, doivent prendre une voiture à cheval pour venir jusqu’à Thonon-les-Bains puis prendre le train pour se rendre à la loge L’Allobrogie à Annecy. Avec de tels déplacements, les "tenues" (réunions de travail maçonnique) prennent la journée entière. Mais ces frères d'autrefois sont très motivés pour défendre les valeurs de la franc-maçonnerie. Celle-ci s'était déjà implantée à Thonon-les-Bains par le passé : vers 1766-1767 y avait existé une loge au nom aujourd'hui oublié, puis entre 1800 et 1814 la loge baptisée La Bienfaisance, dont était membre l'illustre Joseph-Marie Dessaix, général de Napoléon. Mais depuis, les frères chablaisiens doivent travailler loin de chez eux.
Lorsqu’il se trouve assez de francs-maçons dans le
Chablais, ils décident d'y lancer le chantier d’une nouvelle loge. Le 9 novembre 1899, onze frères de L’Allobrogie et dix-huit frères de dix loges de la région et de Suisse (dont quinze frères suisses) choisissent d’unir leurs efforts pour cela.
C’est ainsi que, le 24 août 1900, la demande de
constitution symbolique pour la création d’une loge, au rite français, sous le
titre distinctif de L’Avenir du Chablais,
temporairement fixée à Machilly, peut être adressée au Suprême Conseil du Grand Orient de France (GODF). "L’allumage des feux" (mise en activité) de notre loge a lieu le 9 décembre 1900.
Ces pionniers ont le désir de donner un avenir à la franc-maçonnerie
dans le Chablais. Ils veulent développer cet Ordre universel fondé sur la Fraternité, visant à réunir les hommes par-delà leurs différences, et travailler ensemble
régulièrement au développement de la franc-maçonnerie et de l’humanité en
général. Le nouveau temple est inauguré (avec un banquet de trois cents couverts, selon le journal L'Echo du Léman), le 27 novembre 1904 au 9, place
de l’Hôtel-de-Ville à Thonon-les-Bains. Un local que L'Avenir du Chablais conserve jusqu’en 1939 à la venue de la guerre, époque à laquelle nous avons perdu toutes nos archives.
En
1940, en effet, L'Avenir du Chablais, comme toutes les autres loges, doit cesser ses travaux sur ordre du
gouvernement Pétain, qui dissout la franc-maçonnerie. Certains de
nos frères voient alors leur nom apparaître au Journal officiel, où ils sont désignés comme francs-maçons.
Recherchés par la Gestapo, ils doivent s’exiler en Suisse pour ne pas être
envoyés en camp de concentration.
... et d'aujourd'hui
Le 20 juin 1945, le Conseil de l’Ordre du
GODF donne l’autorisation à L’Avenir du
Chablais de reprendre ses travaux.
En 1946,
au réveil de la loge, tous les frères doivent demander leur réintégration au
Grand Orient, pour éviter que ceux qui se sont montrés indignes et qui n’ont pas
respecté les valeurs de la franc-maçonnerie pendant la guerre ne redeviennent francs-maçons. Mais le local au premier étage de la place de la mairie à Thonon-les-Bains n’est plus
disponible pour y accueillir des tenues. Les frères trouvent alors un hébergement à
Ambilly jusqu’en 1971. Cette année-là, le propriétaire récupère son local et les francs-maçons chablaisiens demandent ainsi l’hospitalité à leurs frères helvètes à Genève, où ils restent jusqu’en 2012. Aujourd'hui, après soixante-treize ans passés loin de son lieu de naissance, L'Avenir du Chablais a retrouvé un temple à Thonon-les-Bains et commencé une nouvelle vie chablaisienne.
Une vie nouvelle, en effet, puisque ce retour aux sources est lié au choix de nos frères d'ouvrir la loge à la mixité et d'accueillir des sœurs dans leurs rangs : heureuse décision !
Nos frères illustres
Notre loge a eu l’honneur de compter parmi ses
membres plusieurs frères à la brillante carrière politique. Paul
Jacquier, initié en 1904, a été maire de Thonon-les-Bains de 1921 à 1925, conseiller général, député et sénateur de la Haute-Savoie. Il fut également ministre
du Travail puis de l’Agriculture. Avant lui, le frère Jules
Mercier a également été maire de Thonon-les-Bains de 1902 à 1920, conseiller général, député
et sénateur ; c'est à lui que l'on doit notamment la création du lycée hôtelier Savoie-Léman et l'actuel collège Jean-Jacques-Rousseau. Mentionnons aussi l'Annemassien Fernand David, affilié à L'Avenir du Chablais en 1902, parlementaire de 1898 à sa mort en 1935, qui occupa pas moins de trois ministères : le Commerce et l'Industrie, les Travaux publics, et surtout l'Agriculture (sous sept gouvernements). De même, Louis Simon fut maire de Gaillard de 1944 à 1979, et Jean Combet maire d'Évian de 1961 à 1971.
(Cliquez pour agrandir.)
L'Avenir du Chablais est membre d'une fédération (appelée « obédience ») rassemblant plus de 50 000 membres inscrits dans plus de 1 390 Loges : le Grand Orient de France.
Le
Grand Orient de France (GODF), première obédience maçonnique française,
est directement issu du siècle des Lumières. Il travaille à
l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et
social de l’Humanité.
Le GODF défend l’idéal républicain, en particulier les valeurs de
la démocratie, la laïcité, la solidarité, la dignité humaine. La
franc-maçonnerie offre à ses membres des outils de recherche
personnelle, philosophique, spirituelle.
Siège du Grand Orient de France à Paris (Photo : GODF).